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 First rp of that year

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MRP&ZCHL
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MRP&ZCHL


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Date d'inscription : 26/12/2016

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MessageSujet: First rp of that year   First rp of that year Icon_minitimeSam 3 Juin - 9:31

Le bar est presque vide. Je suis peut-être arrivé trop tard. Le contraire est probable. Beaucoup plus probable. Je suis toujours à l'heure. Ce serait absurde de ne pas l'être.
De toute façon, impossible de le savoir. C’est toujours la nuit, ici. Pas la peine de chercher pourquoi les gens sont fous à Illusiopolis. Pas la peine de chercher pourquoi on crie dans les rues. La réponse est dans le ciel.

Je ne viens pas ici par loisir. Je ne comprends pas comment certaines personnes le font. Je préfère le confort de mes quartiers dans le vaisseau-mère. Pas d’odeurs désagréables. Pas de voisins sonores. Pas d’ivrognes dans les ruelles. Venir ici par loisir… Il faut aimer l’absurde.
Non. Le Président m’a envoyé en mission à Illusiopolis. Une histoire de femmes et de serveuses. L’ordre de mission était flou. Il était bien expliqué, oui. Un peu surréel, par contre. Il est difficile pour moi de concevoir tout ça. Je suis commandant, pas maître d’hôte. Flou dans ce sens. Flou dans le sens de la réalité.

J’attends toujours. Je décide de m’approcher du comptoir. Derrière, un mur de flacons vides. Des eaux de vie. Du vin. Des bouteilles d’alcool en cristal. Je regarde la façade. J’en compte plusieurs centaines d’un coup d’œil. Peut-être mille du deuxième. Je me demande s’ils ont été un jour pleins. S’ils sont arrivés comme ça. Si on a dû les boire.
La thèse de la consommation me parait la plus adéquate. La plus affolante aussi. J’avoue en effet ne rien comprendre de l’alcool. Non. Cette affirmation est fausse. Éthanol dilué au gré. Réaction chimique complexe. Effets psychotropes persistants. Symptômes douteux chez la plupart des consommateurs. Vous voyez. Je comprends l’alcool.
Je ne la conçois pas. Perdre le contrôle à volonté. Voilà une idée qui me semble contreproductive. Je ne juge pas. Non. Je ne suis d’aucune autorité pour le faire. Absolument pas. Une ivrogne dort sur le comptoir. On nettoie de la déjection dans le hall. Une dame est en pleurs dans un coin. Je ne juge pas. Je constate les dommages collatéraux. Tout simplement.


« Je peux vous servir un truc, … »

Deux secondes. Sûrement trois.

« Monsieur ? »

C’est le temps que ça prend pour me jauger. La première fois. Tout dépend du lieu de rencontre aussi. À Illusiopolis, un inconnu en prend environ 3. À Port-Royal, moins d’une – je suis presque invisible. Au Jardin Radieux, entre 3 et 4. À la Cité des Rêves, ça peut atteindre dix secondes.
La tolérance en dit bien long sur un peuple.

Je regarde le barman. Humain. Un mètre 83. Pas trop loin de la quarantaine. Pilosité importante. Peau désaturée par le soleil. Épaules droites. Étuis à la ceinture. Balafres au visage. Probablement un ancien militaire atterri ici après son service.
Il semble s’impatienter. Ses sourcils sont froncés. Sa jambe légère. Je lève mon avant-bras. J’active mon OmniTech. Je fais apparaître mes plaques d’identification. Un hologramme 3D de ma tête est projetée. Autour, des chiffres et des lettres en constant mouvement. Je confirme.


« Je suis Roméo. Rufus m’envoie. »

Fallait le dire plus tôt, beauté. Suis-moi. »

Il disparait derrière le comptoir. Je le suis de près. On s’enfonce dans les entrailles du bâtiment. On traverse un couloir un peu sinistre. Les lumières au mur clignotent. De la moisissure stagne au bas des murs. Le plafond est jauni. Plus par la nicotine que le temps, j’ai l’impression. L’odeur de fumée garantit bien ma conjecture. Les cendriers aux fenêtres tout également.
On s’arrête devant une porte. Des lettres en néon l’ornent. « Loges ». Plusieurs lettres sont éteintes. Les autres peinent à rester allumées. Le barman ouvre la porte. Je remarque qu’il y a du sang sur la poignée. Pas frais, non. Je dirais qu’il sèche depuis une semaine.
Ce couloir est décidément sinistre. Tout Illusiopolis l’est aux dernières nouvelles.

Il me fait signe d’entrer. Je ne riposte pas et m’exécute. La pièce est éclairée à la lumière froide. Sur les murs, des cadres sont installés. À 5 degrés, à 12 degrés, à 24 degrés dans l’autre cadrant même. Mais jamais à zéro. Jamais au niveau.
Dans les cadres, des photos de prouesses mécaniques. Des vaisseaux spatiaux. Des navires de guerre. Des chasseurs pirates. Je reconnais le vaisseau-mère. Il semble beaucoup plus petit. Moins armé. Beaucoup moins impressionnant. La photographie est de moins bonne qualité que les autres autour. J’en conclus qu’il s’agit de ses premières années. Sûrement avant l’ascension de la Shin-Ra. Sûrement avant ses grandes rénovations.
Au milieu de la pièce, on a installé une longue table. Ses pattes sont inégales. Sa surface est poussiéreuse. Autour de la table, deux femmes sont assises. Elles parlent à voix basse entre elles. Je capte des bribes de discussions. Je comprends qu’il s’agit desdites serveuses. Je m’arrête un moment. Je me souviens que je suis commandant et pas maître d’hôte.


« Je te présente les concernées, Roméo. Elles savent ce qu’elles ont à faire. »

Le barman dépose sa main sur mon épaule. Il sert son emprise un moment. Il repart. Je crois que c’était une marque de fraternité. Ça me semble être difficilement autre chose.

Je m’avance vers les femmes. Plutôt jeunes qui plus est. J’irais même jusqu’à dire trop jeunes. Je ne suis pas là pour juger. En fait, oui. Je suis absolument ici pour juger. Je dois juger de leurs capacités. Pas de leurs raisons. J’en fais donc abstraction. Je me retrouve devant la table de conférence. Personne ne se retourne vers moi.
Je toussote. L’effet est réussi. Elles arrêtent de parler. Elles me regardent. Une des deux me dévisage à peine. La deuxième me regarde longtemps. De haut et en bas. Et sans aucune discrétion. Sa bouche se tord. Ses narines frétillent. Je doute que ce soit de la curiosité. Je doute qu’elle vienne de la Cité des Rêves. Ça me semble être du dégoût. Je préfère les deux premières options. Une simple question de sauvegarde personnelle.


« Je me présente. Je suis Roméo de la Shin-Ra. Commandant en titre. Technologue. Recruteur… Semble-t-il. »

Mes jambes tremblent. Ma voix aussi d’ailleurs. Ce public me rend mal à l’aise. Je baisse le regard un moment. Ça suffit pour qu’on pousse « Roméo – c’est mignon !». Je relève la tête, mais pas assez rapidement pour identifier la source. Je ne pourrais pas non plus dire si c’est de l’ironie. Si c’est de la moquerie. Tout cela n’a pas d’importance. Je ne suis pas là pour me recruter, moi.
J’en profite pour observer les candidates. Je dois dire qu'elles se ressemblent. La même allure. La même posture. La même attitude détachée. Le regard haut. Les lèvres pincées d’ennui. Des cheveux longs. Tressés. La tresse est à la mode à Illusiopolis. La mode est à la mode chez les jeunes. Ainsi de suite.

Je vais être honnête. Je ne sais pas par où commencer. Je ne sais pas comment les diriger. Comment les tester. Comment évaluer leurs capacités. Je n’ai jamais été gérant de bar. J’ai géré des soldats, c’est tout. Pas des hôtesses. Je ne suis pas diplomate pour le métier. Ni patient. Ni suffisamment adroit. Je ne serais moi-même pas un bon serveur. Je suis un bien mauvais juge.
La solution à mon problème se trouve devant moi. Pas sur la table. Autour de la table. Les candidates ont été convoquées pour un poste. Cela va de soi. Elles connaissent mieux ce poste que moi.


« On se dirige bientôt sur le terrain. Mais avant, une chose. Identifiez-vous. Présentez-vous brièvement aussi. Dites-moi ce qu’est une bonne serveuse. Je consigne tout. »

Je ne suis pas crédible dans cette situation. Je ne suis pas crédible en général. La guerre est un monde dans lequel je suis peu crédible. Efficace, certes. Crédible, très peu. Par contre, je sais pertinemment quelque chose. Je sais que la technologie a toujours de l’impact. J’active mon OmniTech. Je pianote sur l’interface. Je fais apparaître un onglet d’enregistrement audio. Le mets en marche.

« Je note tout. »

Je pointe la première. Elle semble avoir la vingtaine, si ce n’est pas moins. Cheveux noirs. Teinture artificielle, sans équivoque. Aucune couleur naturelle ne peut absorber autant de lumière. Elle porte des lunettes, rondes, trop grandes. Sa tenue est elle aussi foncée. On la perdra dans les recoins du bar.
Elle écrase sa cigarette. Elle est nonchalante, décidément. Rien ne semble la perturber. Pas mon doigt pointé vers elle en tout cas. Elle me regarde enfin. Son regard me déstabilise. Je dois baisser le mien. C’est une réponse instinctive de l’organisme en cas de danger imminent. Les loups le font devant le chef de la meute. Les proies le font devant les prédateurs. Et moi je le fais… devant cette serveuse.
Réponse instinctive de l’organisme. Oui, rien d’autres.


« Nelly. Je viens du Jardin Radieux. Je suis parti il y a trois ans dans un chasseur minable. Je m’arrête ici pour travailler. Il faut bien des munnies quelques part. Et je dirais… que la plus grande qualité d’une serveuse est la patience. ‘faut gérer un tas de gars en chaleur, ivres en plus. Le sens des priorités aussi… L’homme d’affaires laisse plus de pourboire, quoi. »

Sa voix est rauque. Particulièrement pour son âge. Je suppose que c’est un effet du tabac. Ça l’empêche pas d’être puissante. Même pas besoin de se taire pour l’entendre.

Je pointe la deuxième. Rousse. Humaine également. Beaucoup plus grande. Beaucoup plus élancée aussi. Ses yeux sont pâles, jeunes. Si la première candidate avait vingt ans, celle-là en a dix-huit. Sa jeunesse me déstabilise. On a probablement vécu le même nombre d’années. On est pourtant à des années-lumière. J’ai le visage qui s’assèche. Le sien est indemne. Tout droit sorti de l’emballage.
J’en conclus que la vieillesse n’est pas une question de temps qui s’écoule. C’est une question de temps qui reste.


« Je suis Éden. Je viens d’arriver ici. J’ai suivi un mec qui est parti avec la première venue. Il a changé la serrure de l’appart, donc j’ai dû trouver autre chose rapidement. Même chose pour le boulot. On prend ce qui vient. »

Elle rit. Même si elle aurait voulu le cacher, j’aurais deviné sa nervosité.

« J’étais serveuse là où je vivais avant. Je connais le métier. Oui, ça prend de la patience et le sens des priorités, mais ça prend surtout de la ténacité. L’alcool, la fatigue, la nuit, les situations. Il faut avoir le cœur en acier pour gérer les foules d’un bar. Je l’ai vu et je l’ai vécu.

J’ai aussi travaillé dans une boîte pas trop loin d’ici.

C’est noté. Tout cela est noté. »

Je désactive l’OmniTech. Je fais signe à Nelly et à Éden de se lever. Elles s’exécutent aussitôt. Sans rien dire, je me dirige vers le bar. Elles comprennent qu’elles doivent me suivre. Je profite du silence pour penser. Je dois trouver un plan d’action. Une façon de faire. J’ai identifié des critères dans les propos des candidates. Du concret, maintenant.
Je suis le premier à sortir du couloir. Le bar est encore plus bondé. Les gens parlent fort. Chacun plus fort pour surpasser l’autre. L’odeur de bière s’est amplifiée aussi. On nage dans des particules de houblon. C’est une façon bien poétique pour dire que les vapeurs sont fortes. Je dois rester calme. Je ne dois pas m’agiter. Je doute que mon métabolisme supporte bien l’alcool.

Je me retourne vers les candidates. Elles ne semblent pas angoissées. Beaucoup moins que moi, en tout cas. La foule, la cacophonie, les vibrations. Tout ça, ça m’angoisse. Je peux tolérer un champ de bataille. Je peux tolérer une escarmouche dans l’espace. Mais je tolère difficilement un bar. J’opte pour l’hypothèse facile. C’est une question de paradigme.

Ni Nelly ni Éden me regardent. Elles regardent derrière moi. Elles me paraissent prêtes, disponibles. Je ne pense pas les retenir plus longtemps.

« Pendant la prochaine heure, vous serez à l’essai. Faites de votre mieux. »

Je regarde autour de moi. C’est le chaos.

« Mieux, n’essayez même pas. Quittez ce trou à rats. »

Je doute qu’elles aient entendu. J’avais volontairement baissé le ton dans cette optique. Les candidates ne se font pas attendre. Elles se mettent à l’action. Nelly se dirige derrière le bar pour assister le tenancier en place. Éden se dirige vers les tables. Elles me paraissent être de bons soldats. Sens de l’initiative. Persévérance devant l’inconnu. Je note.

Je fais un tour d’horizon. Je ne pourrais pas dire si c’est une soirée particulièrement mouvementée. Je ne suis pas un habitué du coin. Je n’ai pas l’expérience pour affirmer de telles choses. Je peux dire que c’est bondé, par contre. Plus personne ne peut rentrer dans la boîte. Les gens font la file à l’extérieur. Se battent pour quelques places.
Les filles ne reculent pas. Elles ne fléchissent pas. Les clients sont de plus en plus bruyants. De plus en plus turbulents aussi. L’alcool fait ses effets. L’alcool fait ses ravages, devrais-je dire.

Une idée me vient à l’esprit. Je décide de mettre les filles à l’épreuve. Elles le sont déjà, certes. Je veux les confronter à des situations. Je veux les confronter au pire. Il ne faut pas être trop candide. Le pire arrivera probablement sur leur quart de travail. Autant les préparer tout de suite. Ça évite les surprises en temps et lieu.
Je choisis la table la plus agitée du bar. Je me dirige vers elle. Autour, un groupe de jeunes barbus fait du tapage. Ce sont tous des humains. Des employés de la Shin-Ra. Pas des soldats, non. Des marchandiseurs. Je les reconnais par leur uniforme. Par le logo qui l’orne. Je me penche vers eux pour qu’ils m’entendent. Je les salue en bonne et due forme. Je décline qui je suis. Présente mon titre. Plus pour la prestance que pour l’identité.

Le bar n’est plus un bar. Il devient soudainement une salle de briefing. Je demande aux livreurs d’être particulièrement désagréables. De crier. D’être turbulents. Pas trop turbulent par contre. Il ne faudrait pas alerter les portiers. Je leur demande aussi d’être capricieux, insatisfaits. Je veux voir les candidates à l’œuvre.
Les jeunes hommes ne sont pas convaincus. Évidemment. Dans quel monde auraient-ils été persuadés du premier coup ? Aucun. Évidemment. Je leur propose en échange quelques bières payées par la maison. Leurs yeux s’allument. Je dois dire que c’est facile. C’est facile de jouer avec l’esprit de ces individus. Il faut savoir parler devises et malts.
Ils acceptent au bout de la négociation. Je les remercie. Je hèle une première tournée. Avant de partir, je me retourne vers eux. Je constate leur allure. Leur état. Je doute que mon plan fonctionne. Un stratège est inutile sans bons guerriers. Je leur demande tout de même :


« Le mot d’ordre, soldats ?

— Harcèlement ! »

Ils ont au moins compris le mot d’ordre. Je les abandonne à leur mission. Je me dirige vers le comptoir. Une sorte de calme s’est imposé. Nelly et Éden en ont profité pour prendre un peu de répit. Elles parlent avec un des barmen derrière le bar. Je les rejoins pour prendre le pouls.

Sur mon chemin, j’entends des hurlements. Je n’ai pas à me retourner. Les marchandiseurs de la Shin-Ra font déjà leurs ravages. Éden accourt pour constater les dégâts. Nelly décide de rester sur place. Elle commencer à nettoyer sa surface de travail. Je marche vers elle. Elle lève le regard. Cette fois-ci, je ne le baisse pas. Un juge ne baisse pas le regard deux fois. Ce serait insensé.
Elle me fait signe d’attendre. Elle ouvre une bouteille. Puis deux. Finalement trois. Elle mélange les fluides. La solution se colore drôlement. Une fumée s’en échappe. C’est de la chimie. Tout est une question de réactions chimiques. De propriétés physiques. De conditions. De surfaces de contact et de mixologie. Je suis impressionné. La science est partout. Même hors d’elle-même.
Nelly dépose le verre devant moi. Elle me fait un clin d’œil. Le clin d’œil est un drôle de réflexe humain. Fermer un œil ? Pourquoi ? Les hypothèses m’échappent. Nelly me ramène à la réalité :


« Roméo, c’est ça ?

Oui.

Prends ça. C’est un Flash Nation. Ça te détendra. »

Je regarde la boisson. Boisson fluorescente de surcroît. J’hésite à l’accepter. Je suis en mission. Ma tête doit rester claire. On me paye pour évaluer ces serveuses. Je dois être sérieux. Je dois faire preuve de responsabilité. Boire ce verre serait contre l’éthique. Totalement contre l’éthique. Totalement contre toutes morales de travail.
Nelly me regarde. Pousse le verre en ma direction. Des effluves parviennent jusqu’à mes narines. Ce produit est décidément fort. S’il décape les hommes, il ne fera qu’une bouchée de moi. Nelly m’observe toujours. Je lève le regard pour croiser le sien. Elle insiste. Je n’ai d’autres choix que d’accepter. Je prends le verre. Je le porte à ma bouche. J’ai déjà l’impression d’être ivre. J’ai déjà l’impression de commettre une erreur.

Comment l’alcool fonctionne déjà ? Les composés circulent par le sang. Ils atteignent le cerveau. Ils déstabilisent le processus hormonal. Les effets peuvent durer des heures. Baisse de conscience. Perte du sens du danger. Perte de la notion du temps. Manque d’équilibre. Lacunes au niveau du jugement. Du processus décisionnel aussi. Tout ça. Tout ça au fond de ce verre.
Je me souviens. Chez un humain normal, mâle, adulte, l’alcool prend 10 minutes à atteindre le cerveau. Mon métabolisme est plus efficient que le leur. Mon circuit sanguin est beaucoup plus court. Ma masse est moins importante. Mon cerveau est plus actif. Mes neurones plus réactifs aux substances psychotropes.
Selon mes calculs, l’alcool devrait atteindre mon cerveau dans… Oh.

J’entends la voix d’Éden au loin. À moins que ce soit une voix qui lui ressemble. Peu importe. Je me retourne. Il s’agit bien d’elle. Nelly la rejoint aussitôt. Avant de partir, elle dépose un autre verre plein sur le comptoir. Je regarde autour de moi. Personne ne me forcera à prendre ce verre. Personne ne m’obligera à en boire son contenu. Je le prends pour le vider dans l’évier. Mes idées se bousculent au même moment. Le verre se porte à mes lèvres. Le liquide disparaît aussitôt. Tout… se passe si vite.
Je cherche les candidates. Elles essaient de maîtriser les marchandiseurs. Ils sont de plus en plus déplaisants. De plus en plus sonores et détestables. Comme prévu. Mais j’ai bien l’impression qu’ils ont doublé, même. Leur nombre simplifie le plan. Non, ça le complexifie. Plus de soldats à gérer. Plus de têtes à restreindre. Plus de problèmes envisageables. C’est une simple question de logiqueté.
Elles se débrouillent bien. Elles ne paniquent pas. Je ne panique plus non plus. Bizarrement.

Je me retourne vers le comptoir. Un autre Flash Nation. Je dévie le regard. Je ne l’observe plus. J’essaie de l’oublier. Je me retourne encore. Le verre est vide. J’ai un goût âcre aux lèvres. Je ne sais plus trop quoi penser. J’ai la tête qui tourne. J’ai les idéaux qui tournent aussi.
Au loin, la situation dégénère. Les hommes sont ivres. Au loin, la situation dégénère, les hommes sont ivres. Éden et Nelly les gèrent du mieux qu’elles peuvent. Je les entends offrir des boissons gratuites pour dédramatiser. Bonne négociation. Je note note.
Un des livreurs échappe son boque. Il éclate en morceaux contre le sol. Les candidates se penchent pour le ramasser. Elles s’excusent même pour la gaucherie. Elles s’excusent même de la part du livreur. Elles restent calmes. Je reste calme aussi. Le Flash Nation m’aide à bien rester calme. C’est purement scientifique. Purement scientifique. Rien d’autres.

Trois autres verres vides sur le comptoir. Qui boit aussi vite ? Absurde.
Les employés de la Shin-Ra sont devenus fous. Ils sautent sur les tables. Ils lancent les sous-verres. Ils crient des insultes à tous les venus. Je sens l’attention monter. Non, attendez. Je sens la tension monter. Évidemment. Des hommes saouls ne sont jamais sereins. Tout cela était un mauvais plan. Toute cette idée était ridicule. Indubitablement ridicule.  
J’accours pour régler la situation. Au même moment, le premier coup de poing. Un des jeunes hommes est en colère. Je sens la situation m’échapper. Les pieds m’échappent aussi. Tout. J’échappe absolument tout.


* * *

C’est la voix d’Éden qui me réveille. Elle dit quelques mots. Je ne les entends pas. Mes conduits auditifs sont bouchés. Mes tympans résonnent. J’aurais préféré dormir. Longtemps.
J’entrouvre les yeux. La lumière dans le bar est trop forte. Je me rends compte être étendu sur le sol. Le sol est froid. Le sol est souillé, collant. Je me redresse.
Je suis soulagé. Les environs sont vides. Il n’y a plus personne. Plus de clients. Plus de trouble-fêtes. Plus d’agitateurs de l’ordre public. Seuls les employés continuent d’errer. Ils nettoient les ravages de la veille. Ils essaient de réparer les dégâts. Les dégâts… qu’il me semble avoir causés. Ma mémoire est floue. Photographique, mais absolument floue.

Je regarde Éden. Éden, puis Nelly. Morceau de tissu à la main, elles astiquent les comptoirs, les tables, les chaises. Elles s’assurent que tout soit propre. Que tout soit au pied de la lettre. Leur témérité m’étonne. Leur persistance aussi. Elles sont encore debout. Elles sont en un morceau. Les employés sont en un morceau. Le bar est en un morceau. Je suis le seul à ne pas l’être.
Nelly s’approche de moi. Elle me tend sa main. Elle m’aide à me remettre sur pieds. Je la remercie. Je les remercie toutes les deux. J’ai bien l’impression qu’ils ont réussi. Ils connaissent bien le métier. Ils connaissent bien la clientèle. Ils connaissent bien les situations. Elles feront de bonnes serveuses. Pour une courte période seulement, j’ose espérer.
Je soupire. Je suis exténué. Exténué est un mot faible. Extrêmement faible. Mes muscles sont endoloris. Ma tête est en ébullition. Mes nerfs sont tous tendus. Mon cerveau en éruption.
La vie nocturne… Très peu pour moi. C'est une conclusion scientifique a posteriori.

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