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 Solus 'Roméo' Raeka

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MRP&ZCHL
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MRP&ZCHL


Messages : 10
Date d'inscription : 26/12/2016

Solus 'Roméo' Raeka Empty
MessageSujet: Solus 'Roméo' Raeka   Solus 'Roméo' Raeka Icon_minitimeVen 26 Mai - 17:15

ROMÉO


Nom : Raeka
Prénom : Solus « Roméo »
Titre : Le Ouaouaron.
Faction : Shin-Ra.
Foyer : P-42 (Routes stellaires)
Espèce : « Crapeau bipède ! »
Grade : Commandant



Apparences

Chez mon espèce, on meurt à 30 ans. Très rarement plus, trop souvent moins. Le temps passe vite, chez nous. Littéralement, il passe vite. Trente ans, pour un humain, c’est la moitié d’une vie. Pour nous, 30 ans, c’est la vie.
Il faut comprendre ça. Il faut comprendre que chez nous, le temps passe vite.

Notre métabolisme compense. Il est productif. Beaucoup plus que la moyenne, et encore. Des nerfs plus efficients, plus tendus que les mammifères. Des sens optimisés pour des réactions prestes (les longues réflexions – peu d’entre nous ont le temps pour elles). Un circuit sanguin bref. Une respiration rapide. Pas saccadée, mais rapide. Une mémoire photographique. Pas le temps d’oublier ! Un système immunitaire au quart de tour aussi.

Chez vous, par exemple, il faut deux semaines pour vaincre un virus, virus bénin s’il en est. Chez nous, une histoire d’heures. Les plus jeunes en ont auront fini avec les symptômes en quelques minutes. Se réveiller malade mais s’endormir en pleine santé.
On a 30 ans à vivre. On ne les passera pas à étendre nos visqueuses. La maladie, c’est les autres.

Nos muscles aussi sont développés pour ça. Un mode de vie rapide qui demande des réponses rapides. L’agilité est dans nos veines. En fait, dans nos gènes. Un trait physique ne coule pas avec le sang. Ce serait ridicule.
Notez aussi qu’il ne faut pas confondre agilité et adresse. Par exemple : nos mains et nos pieds sont faits pour toutes les surfaces. La glace. L’argile. Le roc. Même l’eau. L’eau glisse sous nos palmes. C’est ça, l’agilité.
L’adresse, par contre, n’est pas innée. Loin de là. Nous sommes gauches, un peu gaffeurs. En fait, nous sommes reconnus pour ça. Des pilotes qui perdent la mise. Des techniciens aux mains légères. Des scientifiques pyromanes contre leur gré. Ainsi de suite.
La liste peut continuer. Notre espérance de vie n’est peut-être pas biologique. Purement artificielle. Résultat d’un nombre incalculable de lourdeurs. Il ne faut pas confondre agilité et adresse, donc.

Nous sommes agiles. Nous sommes maladroits aussi.

Pour les autres, on parle trop rapidement. Ils captent un mot sur deux. Je n’ai pas calculé cette probabilité. Ils captent peut-être un peu plus. Disons trois mots sur quatre. Avec le temps, on apprend. Avec le temps, on tempère. On ralentit le débit, on calme le ton. On s’adapte. C’est une de nos avantages.
L’adaptabilité est un avantage pas une qualité. On a tendance à se dissiper dans la masse. Vous me direz qu’un amphibien bipède ne se dissipe pas. Rétorque logique, je le concède. Mais mettez l’un de mes frères dans une université. Un monastère. Une cour d’école. Un chenil, même. En deux semaines, il aura parlé comme vous tous. En deux mois, il dormira comme vous tous. En deux ans, on aura oublié qu’il vient d’ailleurs.

Un avantage pas une qualité. On perd notre identité rapidement. On dit que c’est instinctif. Je dis que c’est normal. Vouloir vivre le rythme des autres, tout à fait normal. Triste, mais normal.

Tout comme le fait de s’isoler. Ça aussi, tout à fait normal. On s’éloigne rarement du foyer. On évolue entre nous. Notre planète. Un grand marais. Beau comme tout dans nos yeux. Fosse galactique dans les yeux des autres.
Mais on vit ensemble. On aime notre planète. En communautés soudées. Familiales, surtout. Naître à coups de centaines, survivre à coups de dizaines. C’est notre fatalité. Alors on vit ensemble. C’est l’instinct de survie.

J’ai dit qu’on évoluait ensemble. Notre passage est court, je le rappelle. Chez nous, il faut penser à long terme. Penser à court terme, toujours, serait déprimant. On prend les décisions pour les autres. Les générations futures, les enfants. De cette façon, on progresse sans cesse.
Notre processus est simple. On envoie les Architectes dans les mondes. Ils rapportent le savoir au foyer. La population accumule le savoir dans son bagage génétique. Elle le met en pratique. Fabrique des merveilles.

Par exemple. Mon équipement est en alliage de la Terre des Dragons. Un métal noir. Ancré dans un versant pentu. Les technologies holographques de mon armure. L’omni-lame, l’arme jetable générée par cette technologie. Tout ça. De la part des scientifiques du Jardin Radieux. Mes armes à feu. Précises. Efficaces. Brutales. Toutes issues de celles des pirates. Port-Royal est notre grand fournisseur de savoir guerrier.

Chez nous, la mémoire est presque collective. Le cerveau de la progéniture est presque héréditaire. Pour nous, le savoir est presque une question génétique. Bien sûr, je suis peut-être un peu trop poétique. Mais la science est cruciale, ici.

J’aime apprendre, comme tous les autres avant moi. Comme tous les autres après moi aussi. On appelle ici cette intuition la conscience du savoir. On naît avec, on meurt avec. On l’utilise à bon escient. Seulement à bon escient. On n'a pas de propension au mal. À la domination. Au pouvoir. Que des humbles créatures. Nous ne sommes que ça.



Pour résumer, donc. Sur P-42, il y a trois types. Ceux qui restent : le peuple. Ceux qui reviennent : les Architectes. Et ceux qui partent. Dans cet ordre de proportion. Ceux qui partent sont peu nombreux. Presque inexistants. L’appel au foyer est primitif. La boussole en nous pointe là-bas. Toujours.
Je me souviens beaucoup. Peu sont partis depuis que je suis né. Cinq, six. Peut-être dix. C’est curieux. Le nombre m’échappe. C’est peut-être parce qu’on efface ceux qui partent. On fait le deuil ensemble. On sait qu’un aller simple dans l’espace signifie trop souvent un adieu.

Les adieux de mon frère : douloureux. Les miens : comme l’épée retournée dans la plaie. Je suis parti après lui. Pas pour le retrouver. Je ne l’ai d’ailleurs jamais retrouvé. Pas même un indice de son existence. Il est probablement mort. Probablement est un mot faible. Les mondes sont en guerre, partout ailleurs qu’au foyer.  
Je suis parti après lui. Pas pour le retrouver, donc. Pour me retrouver, moi. Je suis un membre de mon espèce. Certes. Je suis avide de savoir. Je ne laisse pas tomber les autres. Ceux qui comptent, en tout cas – une question de famille, je crois. Je suis méthodique, scientifique. Mais je suis autre chose que ça.
Les membres de mon espèce stagnent dans leurs marais. Je suis un explorateur. Je veux sentir l’inconnu. Pas le lire dans les livres. Pas l’entendre de la bouche d’un tuteur. Sentir l’inconnu. Comprendre le savoir. Chercher la solution. La mettre en pratique.

Chez nous, on apprend. On pratique dans des laboratoires, dans des ateliers supervisés. Pas dans la réalité.
Vous allez rire. Je ne connais pas le vrai échec. J’ai fait exploser des béchers. J’ai raté des examens. J’ai soumis de mauvaises hypothèses. Mais je ne l’ai jamais affronté, le vrai échec. Celui qui a une conséquence, une vraie. Pas le nettoyage forcé d’un laboratoire. Pas la colère d’un professeur. Une vraie conséquence. Une blessure. Un regret. De la rancœur. Des sentiments. De l’espoir. Mieux, le contraire.

Chez nous, on se répète qu’il faut être logique. Qu’il faut agir selon la norme. Qu’il faut suivre les anciennes générations. Pourquoi ? Parce qu’elles ont vécu. Chez nous, on se répète tout ça. Tout le temps. Entre deux classes. Dans un festin familial. Même pendant notre service militaire. « Il faut être logique. »
Vous savez quoi ? J’ai bien suivi ma tête. Toute ma vie. Je l’ai bien entendue. Je l’ai bien écoutée. J’ai survécu aux dangers. Je les ai esquivés parce que j’ai agi de façon logique. C’est logique. Tout ça est purement logique.

Quand je suis parti, j’ai arrêté de l’écouter, ma tête. Je ne dis pas que c’est la meilleure décision. Je ne dis pas que je vais survivre. Je suis optimiste. Pas utopiste. Non. Je ne dis pas tout ça. Je dis juste une chose.

C’est le cœur. C’est le cœur qui meurt en dernier.



Origines

Le nom chez nous veut dire beaucoup. Il raconte mon origine. Nos origines. Les ancêtres. Il rappelle notre genèse, notre futur. Surtout, pourquoi on se bat. On ne veut pas effacer ces souvenirs. Les détails sont importants. Alors, on les calque dans notre nom.
C’est comme une promesse. Celle de ne pas oublier. On n’oublie pas le nom de son frère. De son père. De toutes ses tantes. On oublie pas le nom d’un être cher.
Je m’appelle Solus ‘Roméo’ Raeka dit le Ouaouaron. Je suis des miens. Même loin d’eux.

Raeka…

Raeka est ma tribu. Sur P-42, tout repose sur les tribus. Pas qu’on soit particulièrement territorial, ici. Pas non plus qu’il y ait de la guerre. On est pacifique. On aime le calme. Par contre, on ne se leurre pas. Le monde se gère mieux en communautés. Nous étions peut-être mille à l’époque. Jamais plus. Gérer mille cerveaux en constante éruption. Voilà une chose qui me semble improbable. Les tribus sont nécessaires, oui. Elles sont un gage de stabilité.

Les tribus sont matriarcales. Elles évoluent autour d’une activité unique. Par exemple. Raeka est connue pour ses armes de pointe. Les Architectes rapportent les plans. On les adapte. En fait, on les améliore. On rend les armes plus stables. Plus précises. Moins lourdes. Plus faciles à manier. Raeka est l’as de la guerre.
On n’est pas territorial. On n’est pas non plus un peuple guerrier. Je le rappelle, car ailleurs, on l’oublie. On oublie que c’est aussi une voie. Mais P-42 doit se protéger. Les aliens sont partout. Les sans-cœurs aussi. Il faut être prêt.
Partir en guerre serait ridicule. Ne pas s’y préparer le serait encore plus.

Pour les autres, P-42 est un dépotoir. Depuis toujours. Dans les bibliothèques, dans les livres, on raconte notre histoire. On raconte comment les voyageurs ont pollué notre planète. Nos marécages sont radioactifs. Nos terres sont recouvertes de détritus. Notre territoire est un cimetière à épaves.
Depuis la montée de la Shin-Ra, le nettoyage est toujours plus improbable. Improbable, pour ne pas dire impossible. On déverse sur notre foyer sans cesse. On a beau protester. Rien à faire. Rien du tout. Personne n’écoute un peuple de crapauds.
Nous ne sommes pas humains. Mais nous avons de l’humanité. Personne ne semble dans notre regard « vitreux ».

D’ailleurs, notre peuple a toujours perdu. Contre la Shin-Ra, surtout. Quand elle est débarquée pour creuser nos sols. Quand elle a décidé d’implanter un de ses hangars. Quand elle a décidé qu’un marais n’était pas un foyer. On a toujours perdu. On est un peuple de martyrs. Mais on n’abandonne pas. Abandonner serait illogique.

C’est une question de famille… Je crois. Les familles ne se lâchent pas.

Le territoire de Raeka est très radioactif, donc. Plus que les autres. Chez nous, certains naissent avec des capacités étranges. Pas moi. Je n’ai pas hérité de ça. J’en suis content. J’ai vu certains de mes frères périr. Je reprends : j’ai vu plusieurs de mes frères périr. Au bout de leurs forces après avoir abusé de ces capacités. C’était… d’horribles scènes. Tout à fait terrible. J’en ai de très mauvais souvenirs.

Notre famille est toujours restée calme. Face à la défaite. Face à l’adversité et aux problèmes. En fait, toute P-42 est restée passive. Plus personne ne dit rien. Plus personne ne proteste jamais. Les rumeurs dans les rivières sont mortes.  
C’est une réaction cohérente. De la pure autodéfense. Se soumettre au joug pour rester en paix. On ne faisait pas le poids face à la Shin-Ra et à l’espace. On ne l’a jamais fait. On ne le fera pas non plus. Alors, on se contente de nettoyer. Nettoyer les marécages. Démanteler les épaves. Purifier les eaux. Rendre l’air respirable.
Quand je suis parti, plus personne ne disait rien.

Solus…

Ma naissance est une question de chance. Je suis le huitième éclos sur dix fois plus d’œufs. Soixante-deux d’entre eux ont éclos au total. Quarante-et-un sont parvenus jusqu’à l’eau. Vingt-deux ont vécu plus de dix jours. Huit ont eu dix ans.
Vous voyez, maintenant. Ma naissance n’est qu’une question de chance. Un jeu de probabilité. Je n’ai pas demandé à survivre. Non, je ne dis pas ça par pathétisme. Je le dis par réalisme. Je ne me suis battu pour ma vie plus qu’un autre. Je n’ai pas cherché l’eau mieux qu’un autre. J’ai simplement… mieux échappé au destin.

Solus, c’est le prénom qu’on m’a donné. C’est aussi celui d’un de mes ancêtres. Un grand scientifique. Un grand Architecte de surcroît, disparu dans l’espace. Notez ici l’utilisation du mot « disparu ». On a toujours cru son départ volontaire. C’est ce qu’on m’a dit. C’est ce que j’aime croire. Évidemment.
Il a été le premier à rencontrer Port-Royal. Plutôt, à rencontrer ses flibustiers. La première fois, il n’en est pas sorti indemne. Le hasard l’a épargné. Je dirais même qu’il l’a sauvé. Il avait trop parlé devant certains. De la part d’un de nous, peu surprenant. Absolument prévisible. On était sur le point de le tuer. Comme ça, sur la place publique. Une rixe a éclaté dans la taverne. Il s’est échappé. A survécu. Pur hasard.
Une autre fois, son vaisseau a pris feu. Comme ça, sans raison. C’est ce qu’il a dit. C’est ce qu’on peut lire dans ses mémoires. La chute aurait brutale pour n’importe qui. Sauf pour lui, semble-t-il. Il s’est échappé. Encore un pur hasard.

J’ai toujours pensé que j’avais un peu de lui en moi. Un peu de Solus. Il était un membre de son espèce. Bien intégré, bien formé, bien cadré. Tout comme moi. Mais pas totalement satisfait. Absolument comme moi. Le jour où il est parti, il s’est donné une chance. J’ai décidé de faire pareil.

On m’a donné le nom de Solus. En même temps, on m’a donné ma première chance. Comme les autres, j’ai commencé à étudier tôt. On m’a formé à la conscience générale à Raeka. La conscience générale, c’est notre culture. On apprend qui on est, ce en quoi on excelle. De cette façon, tout le monde commence sa vie sur les mêmes bases.
C’est là qu’un tuteur a parlé des Architectes. La première fois, je suis resté perplexe. Un océan dans les airs, qu’il disait. Infini de surcroît. Je n’arrivais pas à comprendre qu’il puisse exister autre chose. Ailleurs qu’ici. Des créatures différentes. Des visages plus pâles, ou plus foncés. Des monstres à cent bras. Des objets loquaces. À ce moment-là, j’ai compris que je devais partir.

J’ai terminé la conscience générale. On m’a ensuite formé à l’art de Raeka :  la guerre. Pendant des années, j’ai appris comment démonter des explosifs. Comment réparer des armes de destruction massive. Comment améliorer la stabilité d’une arme à feu standard. Comment comprendre un vaisseau spatial, même.
J’ai suivi et réussi cette formation. Comme tous les autres. Peu d’entre nous échouent. La pression sociale est trop importante, je crois. On vous dirait que c’est une question de gènes. Je ne pense pas. Le cerveau est un mystérieux appareil. Il peut se déformer indéfiniment pour s’adapter à sa réalité. La nôtre, c’est celle de ne pas suivre le fil rouge.
On ne rate pas ses études quand on sait que personne ne l’a fait. Ce serait absurde.

J’ai réussi cette formation, donc. Au moment où je terminais, mon frère est parti. Il n’est plus jamais revenu après. Ma famille s’est efforcée de l’oublier. Elle voulait combler le vide. Pour ma part, je n’ai fait que penser à lui pendant des semaines. À son départ, plutôt. À son courage, même.
J’ai préparé des plans d’évasion. Des dizaines et des dizaines. Presque infaillibles, je dois dire. Je ne les jamais mis à exécution. Du moins, pas à cette époque. J’avais peur de blesser quelqu’un. Non, ce n’est pas tout à fait vrai. J’avais peur de devenir ce que mon frère est devenu. J’avais peur d’être oublié.

Vous voyez, on ne prend pas le temps de grandir. Chez nous, on ne fait que vieillir. Personne ne s’en plaint. Tout le monde avance en file. Personne ne déroge. Du moins, jusqu’à ce qu’on voie un paradigme différent. C’est ce qui s’est passé pour moi.
Un jour, on m’a demandé ce que je voulais être. Biologiste, chimiste, astronome, physicien, médecin, chirurgien, ingénieur, technologue. La liste était longue. Bien longue. Elle s’est arrêtée quand j’ai entendu Architecte.

Je n’avais plus envie d’être de ceux qui restaient. Je voulais être de ceux qui revenaient.

Roméo…

Devenir Architecte. Le plan a plu à ma famille. À toute la tribu. Il est peut-être difficile pour vous de le concevoir, mais notre peuple est sédentaire. La volonté de partir n’existe pas chez nous. Elle se crée. Et elle se crée très rarement. Quand la volonté est là, on dit qu’il y a élection. Devenir Architecte est une vocation. Bien plus que ça.
Je n’ai pas pris de répit. Ce n’est pas dans ma nature. J’ai commencé la formation d’Architecte. La formation est lourde. La formation est militaire. On y apprend comment lutter et comment se battre. On y apprend les rudiments de la navigation. C’est une dure vocation, celle d’Architecte. C’est chaque fois accepter de ne pas revenir. Accepter d’être dévoré par un sans-cœur. Achevé par un hors-la-loi.

Tout de suite, j’ai été le centre d’attention. L’éducation dans Raeka y a été pour beaucoup. Pour tout, en fait : le pilotage, les armes, l’équipement, lasa machinerie. J’ai pu entrer en fonction rapidement.

Quand on devient Architecte, notre identité mue. Les experts disent que c’est pour optimiser nos chances. On adapte la forme de nos armes à celles des hommes. Même chose pour les équipements. On prend des comprimés pour ralentir notre système. On applique une teinture sur notre épiderme pour la rendre plus matte. On met des lentilles noires sur nos yeux trop profonds. En fait, on essaie de nous uniformiser.
C’est une bonne chose, je pense. Personne n’aime les aliens. Personne n’aime les monstres galactiques. On ne devient pas humain avec la mutation. On ne devient pas… normal non plus. On devient plus naturel. Moins stellaire.

À l’époque, on a aussi changé mon nom. Seulement pour les voyages, qu’on m’a dit. Le nom a marqué la tribu. Le faux nom des Architectes marque toujours la tribu. C’est inévitable. Ce n’est pas mesquin, juste inévitable. Quand j’étais jeune, on se moquait de Sonny. Plus vieux, c’était Rikku. J’étais mentalement prêt quand on m’a dit que c’était Roméo.

Les premiers voyages se sont déroulés sans encombre. On a rapidement vu que j’étais efficace sur le terrain. Avec les machines, surtout. Je rapportais plus de ressources. Plus de matériaux. Et beaucoup plus de savoir. J’étais un bon Architecte. J’avais la vocation dans la veine…
Cette fois-ci, j’ai bien l’impression que ça coule bien dans la veines.

Quand je revenais à la maison, on m’attendait. Autour d’un festin, la plupart du temps. Pendant ce genre de soirée, il existe une coutume. Quand l’hôte demande si la nourriture est bonne, il faut répondre : « Je ne suis pas venu pour la nourriture. Je suis venu pour bien plus que ça. » Au début, la réplique semble forcée. Rapidement, elle s’imbrique et devient normale. Tout à fait normale.

Quand je suis devenu architecte, j’ai commencé à voir plus. J’ai vu des paysages que je ne croyais pas réels. Des personnages plus loufoques que moi. Des technologies bien plus évoluées qu’ici. Rapidement, je n’ai vu que le ailleurs. J’ai délaissé P-42. J’ai délaissé ma famille, ma tribu. Je partais de plus en plus souvent en mission. De plus en plus loin. Et pour de plus longues périodes. Je quittais en ayant mal de revenir.

Pendant mes premiers périples, j’ai rencontré la Shin-Ra. Pour tout dire, je n’ai rencontré personne. Je n’ai vu que son ampleur. J’ai vu sa présence sur chacun des mondes. J’ai vu ses transports, ses armements. Sur P-42, nous avions déjà peur de cette entité. Nous n’avions pourtant aucune idée de ce qu’elle était, vraiment. La Shin-Ra est un cartel. La Shin-Ra est un empire. P-42 serait un dépotoir pour toujours.
J’ai ensuite tenté de parler avec eux. J’ai rencontré la milice pendant un voyage. J’ai essayé de comprendre leurs ambitions. J’ai essayé de saisir pourquoi. La plupart m’ont dit que c’était une question de pouvoir. La Shin-Ra leur offrait des opportunités. La Shin-Ra leur donnait des portes vers l’aventure. J’ai été charmé, sans doute. Tellement que j’ai fait durer le périple suivant pour rejoindre leurs rangs.

Je me suis enrôlé avec l’espoir de changer les choses pour P-42. Je ne pouvais pas affronter la Shin-Ra. Pas par moi-même. Pas avec l’armée de mon foyer. Pas avec n’importe quelle machine. Rien ne pouvait l’affronter. Si je grimpais les échelons, je pourrais peut-être avoir un mot à dire. C’est ce que je me répétais.
En fait, je ne le faisais pas pour P-42. Pas pour la famille. Pas pour la tribu. Pour moi.

Ce jour-là, je suis retourné sur la planète. J’ai rejoint un festin. Ma mère m’a demandé si la nourriture était bonne. J’ai répondu oui. Il y a eu un silence. J’ai regardé autour de moi. Ils étaient tous là. Comme d’habitude. Dans leurs marais à jamais nucléaires.
J’ai compris que j’étais maintenant de ceux qui partaient.

Le Ouaouaron…

La Shin-Ra a été impressionnée. J’ai utilisé mes acquis. Nombreux provenaient de la formation de ma tribu. On m’a appris à démonter des explosifs. J’ai montré à la compagnie que je pouvais aussi détoner. On m’a appris à réparer des armes de destruction massive. Je leur ai montrés à en assembler à un temps record. On m’a appris à améliorer la stabilité d’une arme à feu. Je leur ai montrés que je savais la manier. Et on m’a appris à comprendre un vaisseau spatial. Je leur ai montré que j’étais un pilote.
Donc, la Shin-Ra a été impressionnée. Grandement impressionnée. J’ai gravi les échelons. J’ai grimpé mieux que quiconque. J’ai obtenu mon groupe d’assaut. Mon titre. On a fait de moi un SOLDAT.

Mon ascension a été rapide. Prompte. À la vitesse de tous mes ancêtres. Je n’avais pas le temps pour les demi-mesures. Trente ans, c’est une période plutôt courte. Vous allez me dire que tout le monde meurt avant, ici. Ici, partout comme ailleurs. La guerre est néfaste, mortelle. Elle tue des innocents et des civils avant l’âge.
Mais les enfants qui naissent ici ont espoir de vivre longtemps. Pas moi. Pas nous. Je n’avais pas le temps pour les demi-mesures. J’ai montré à Rufus Shinra et à tout le cartel que j’étais apte. Apte à gérer des têtes et apte à en cribler.  

Un soir, j’étais au QG. Je me préparais pour une mission. Une feuille s’est glissée sous ma porte. Je me suis approchée pour la prendre. En la dépliant, j’ai reconnu le symbole. Le sceau du président. Je doute qu’elle ait été écrite par lui. Je doute même qu’il ait pris une décision. Mais ce soir-là, un bout de papier me libérait. Un bout de papier sur lequel on pouvait lire « Au Ouaouaron | Primeur ». J’ai lu le contenu à haute voix. Une première fois.
Une deuxième fois aussi, pour la chance.

« Monsieur, veuillez nous excuser des délais. Nous avons finalement considérer votre plainte. Il est vrai que déverser des tonnes de produits dangereux dans les marais de la planète P-42 n’est pas une solution adéquate pour s’en débarrasser. Nous sommes conscients des formes de vie sensibles qui y vivent.
C’est pour cette raison que nous déverserons à l’avenir tous nos déchets sur la planète voisine, P-47. Soyez en sûr : nous nous sommes assurés qu’elle était inhabitée.  

Veuillez agréer, monsieur, à mes salutations les plus sincères.
M. Rufus Shinra. »

Au bout du compte, je doute qu’on ait su que c’était moi. Ma famille pense probablement que je suis mort. Tout P-42 le croit fermement aussi. Ce n’est pas une mauvaise chose. Pour tout dire, ce n’est pas une mauvaise chose. Ma planète est libérée de son fardeau. La Shin-Ra m’a libéré du mien.

Effectivement, quand j’ai ouvert la lettre, j’ai été affranchi. Pour la première fois, j’ai arrêté d’être de ceux qui partent.

J'étais maintenant de ceux qui vivent.
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